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Un ou une ,De,DES DIALECTIQUE Theatrale
25/07/2012 15:56
- la loi du passage de la quantité à la qualité et inversement;
- la loi de l'interpénétration des contraires;
- la loi de la négation de la négation.
Toutes trois sont développées à sa manière idéaliste par Hegel comme de pures lois de la pensée : la première dans la minière partie de la Logique, dans la doctrine de l'Être ; la seconde emplit toute la deuxième partie, de beaucoup la plus importante, de sa Logique, la doctrine de l'Essence ; la troisième enfin figure comme loi fondamentale pour l'édification du système tout entier. La faute consiste en ce que ces lois sont imposées d'en haut à la nature et à l'histoire comme des lois de la pensée au lieu d'en être déduites. Il en résulte toute cette construction forcée, à faire souvent dresser les cheveux sur la tête : qu'il le veuille ou non, le monde doit se conformer à un système logique, qui n'est lui-même que le produit d'un certain stade de développement de la pensée humaine. Si nous inversons la chose, tout prend un aspect très simple, et les lois dialectiques, qui dans la philosophie idéaliste paraissent extrêmement mystérieuses, deviennent aussitôt simples et claires comme le jour.
D'ailleurs quiconque connaît tant soit peu son Hegel sait bien que celui-ci, dans des centaines de passages, s'entend à tirer de la nature et de l'histoire les exemples les plus péremptoires à l'appui des lois dialectiques.
Nous n'avons pas ici à rédiger un manuel de dialectique, mais seulement à montrer que les loi§ dialectiques sont de véritables lois de développement de la nature, c'est-à-dire valables aussi pour la science théorique de la nature. Aussi ne pouvons-nous entrer dans l'examen. détaillé de la connexion interne de ces lois entre elles.
1. Loi du passage de la quantité à la qualité et inversement. Nous pouvons, pour notre dessein, exprimer cette loi en disant que dans la nature, d'une façon nettement déterminée pour chaque cas singulier, les changements qualitatifs ne peuvent avoir lieu que par addition ou retrait quantitatifs de matière ou de mouvement (comme on dit, d'énergie).
Toutes les différences qualitatives dans la nature reposent soit Sur Une composition chimique différente, soit sur des quantités ou des formes différentes de mouvement (d'énergie), soit, ce qui est presque toujours le cas, sur les deux à la fois. Il est donc impossible de changer la qualité d'aucun corps sans addition ou retrait de matière ou de mouvement, c'est-à-dire sans modification quantitative du corps en question. Sous cette forme, la mystérieuse proposition de Hegel n'apparaît donc pas seulement tout à fait rationnelle, mais même assez évidente.
Il est sans doute à peine nécessaire d'indiquer que même les différents états allotropiques et d'agrégation des corps reposent, parce qu'ils dépendent d'un groupement moléculaire différent, sur une quantité plus ou moins grande du mouvement communiqué à ces corps.
Mais que dire du changement de forme du mouvement ou, comme on dit, de l'énergie ? Lorsque nous transformons de la chaleur en mouvement mécanique ou inversement, la qualité est pourtant modifiée et la quantité reste la même ? Tout à fait exact. Mais il en est du changement de forme du mouvement comme du vice de Heine: chacun pour soi peut être vertueux, mais pour le vice il faut toujours être deux [1]. Le changement de forme du mouvement est toujours un processus qui s'effectue entre deux corps au moins,, dont l'un perd une quantité déterminée de mouvement de la première qualité (par exemple de chaleur), tandis que l'autre reçoit une quantité correspondante de mouvement de l'autre qualité (mouvement mécanique, électricité, décomposition chimique). Quantité et qualité se correspondent donc ici de part et d'autre et réciproquement. jusqu'ici on n'a pas réussi à l'intérieur d'un corps singulier isolé à convertir du mouvement d'une forme dans l'autre.
Il n'est question ici pour l'instant que de corps inanimés; la même loi est valable pour les corps vivants, mais elle procède en eux dans des conditions très complexes, et aujourd'hui encore la mesure quantitative nous est souvent impossible.
Si nous nous représentons un corps inanimé quelconque divisé en particules de plus en plus petites, il ne se produit tout d'abord aucun changement qualitatif. Mais il y a une limite : si, comme dans l'évaporation, nous parvenons à libérer les molécules isolées, nous pouvons certes, dans la plupart des cas, continuer encore à diviser celles-ci, mais seulement au prix d'un changement total de la qualité. La molécule se décompose en ses atomes, qui ont isolément des propriétés tout à fait différentes de celles de la molécule. Dans le cas des molécules qui se composent d'éléments chimiques différents, la molécule composée est remplacée par des molécules ou des atomes de ces corps simples eux-mêmes; dans le cas des molécules des éléments apparaissent les atomes libres, qui ont des effets qualitatifs tout à fait différents: les atomes libres de l'oxygène à l'état naissant produisent en se jouant ce que les atomes de l'oxygène atmosphérique liés dans la molécule ne réalisent jamais.
Mais la molécule elle-même est déjà qualitativement différente de la masse du corps physique dont elle fait partie. Elle peut accomplir des mouvements indépendamment de cette masse et tandis qu'en apparence celle-ci reste en repos, par exemple des vibrations caloriques; elle peut, grâce à un changement de position ou de liaison avec les molécules voisines, faire passer le corps à un état d'allotropie ou d'agrégation différent, etc.
Nous voyons donc que l'opération purement quantitative de la division a une limite, où elle se convertit en une différence qualitative : la masse ne se compose que de molécules, mais elle est quelque chose d'essentiellement différent de la molécule, comme celle-ci l'est à son tour de l'atome. C'est sur cette différence que repose la séparation de la mécanique, science des masses célestes et terrestres, de la physique, mécanique des molécules, et de la chimie, physique des atomes.
Dans la mécanique, on ne rencontre pas de qualités ; tout au plus des états comme l'équilibre, le mouvement, l'énergie potentielle, qui tous reposent sur la transmission mesurable du mouvement et qui peuvent eux-mêmes s'exprimer quantitativement. Donc, dans la mesure où un changement qualitatif se produit, il est déterminé par un changement quantitatif correspondant.
En physique les corps sont traités comme chimiquement invariables ou indifférents ; nous avons affaire aux modifications de leurs états moléculaires et au changement de forme du mouvement, changement qui, dans tous les cas, au moins d'un des deux côtés, met en jeu les molécules. Ici, toute modification est une conversion de la quantité en qualité, une conséquence d'un changement quantitatif de la quantité du mouvement, quelle qu'en soit la forme, qui est inhérent au corps ou qui lui est communiqué.
Ainsi, par exemple, le degré de température de l'eau est tout d'abord indifférent relativement à sa liquidité; mais, si l'on augmente ou diminue la température de l'eau liquide, il survient un point où cet état de cohésion se modifie et où l'eau se change d'une part en vapeur et d'autre part en glace. (HEGEL, Encycl., Éd. Complète, tome VI, p. 217 [2].)
Ainsi, il faut une intensité minimum déterminée du courant pour porter à l'incandescence le fil de platine (de la lampe électrique) ; ainsi, chaque métal a sa température d'incandescence et de fusion, chaque liquide son point de congélation et son point d'ébullition, fixes pour une pression connue, - dans la mesure où nos moyens nous permettent de réaliser la température en question; ainsi, enfin, chaque gaz a lui aussi son point critique où la pression et le refroidissement le rendent liquide. En un mot, les soi-disant constantes de la physique ne sont en majeure partie pas autre chose que la désignation de points nodaux, auxquels un apport ou un retrait quantitatifs de mouvement entraînent dans l'état du corps en question une modification qualitative, donc où la quantité se convertit en qualité.
Cependant le domaine dans lequel la loi de la nature découverte par Hegel connaît ses triomphes les plus prodigieux est celui de la chimie. On peut définir la chimie comme la science des changements qualitatifs des corps qui se produisent par suite d'une composition quantitative modifiée. Cela, Hegel lui-même le savait déjà (Logique, éd.. compl. III, p. 433) [3]. Soit l'oxygène: si, au lieu des deux atomes habituels, trois atomes s'unissent pour former une molécule, nous avons l'ozone, corps qui par son odeur et ses effet se distingue d'une façon bien déterminée de l'oxygène ordinaire. Et que dire des proportions différentes dans lesquelles l'oxygène se combine à l'azote ou au soufre et dont chacune donne un corps qualitativement différent de tous les autres ! Quelle différence entre le gaz hilarant (protoxyde d'azote N2O) et l'anhydride azotique (pentoxyde d'azote N2O5) ! Le premier est un gaz, le second, à la température habituelle, un corps solide et cristallisé. Et pourtant toute la différence dans la combinaison chimique consiste en ce que le second contient cinq fois plus d'oxygène que le premier. Entre les deux se rangent encore trois autres oxydes d'azote NO, N2O3, NO2), qui tous se différencient qualitativement des deux premiers et sont différents entre eux.
Ceci apparaît d'une façon plus frappante encore dans les séries homologues des carbures, notamment des hydrocarbures les plus simples. Des paraffines normales, la première de la série est le méthane CH4 ; ici les 4 valences de l'atome de carbone sont saturées par 4 atomes d'hydrogène. La seconde, l'éthane C2H6 comprend deux atomes de carbone qui ont échangé une valence, et les six valences libres sont saturées par six atomes d'hydrogène. Et ainsi de suite, C3 H8, C4 H10, etc., selon la formule algébrique CnH2n+2, si bien qu'en ajoutant dans chaque cas CH2, on obtient chaque fois un corps qualitativement différent du précédent. Les trois premiers termes de la série sont des gaz; le dernier connu, l'hexadécane C16 H34, est un solide avec comme point d'ébullition 270º C. Il en est de même des alcools primaires de formule Cn H2n+2 O, (théoriquement) dérivés des paraffines, et des acides gras monobasiques (formule Cn H2n O2,). Quelle différence qualitative peut provoquer l'addition quantitative de C3 H6 ? L'expérience nous l'apprend si nous consommons de l'alcool éthylique C2 H6 O sous une forme assimilable quelconque sans addition d'autres alcools, et si une autre fois nous prenons le même alcool éthylique, mais additionné légèrement d'alcool amylique C5 H12 O, qui constitue l'élément essentiel de l'infâme tord-boyaux. Notre tête s'en apercevra certainement le lendemain matin et à ses dépens; si bien qu'on pourrait dire que l'ivresse et ensuite le mal aux cheveux sont également la conversion en qualité d'une quantité... d'alcool éthylique d'une part, de ce C3 H6, ajouté d'autre part.
Cependant nous rencontrons dans ces séries la loi de Hegel sous une autre forme encore. Les premiers termes n'admettent qu'une seule disposition réciproque des atomes. Mais, si le nombre des atomes qui constituent une molécule atteint une grandeur déterminée pour chaque série, le groupement des atomes dans la molécule peut s'opérer de façon multiple ; de la sorte on peut rencontrer deux corps isomères ou plus qui ont le même nombre d'atomes C, H, O par molécule, mais qui sont pourtant qualitativement différents. Nous pouvons même calculer combien il y a de tels isomères possibles pour chaque terme de la série. Ainsi dans la série de paraffines il y en a deux pour C4 H10, trois pour C5 H12 ; pour les termes supérieurs le nombre des isomères possibles augmente très rapidement. C'est donc ici derechef la quantité des atomes par molécule qui détermine la possibilité et, dans la mesure où elle est prouvée par l'expérience, l'existence effective de tels corps isomères qualitativement différents.
Il y a plus De l'analogie des corps qui nous sont connus dans chacune des séries, nous pouvons tirer des conclusions sur les propriétés physiques des termes encore inconnus de la série et, tout au moins pour ceux qui suivent immédiatement les termes connus, prédire avec une certaine certitude ces propriétés, point d'ébullition, etc.
Enfin la loi de Hegel n'est pas valable seulement pour les corps composés, mais aussi pour les éléments chimiques eux-mêmes. Nous savons maintenant « que les propriétés chimiques des éléments sont une fonction périodique de leurs poids atomiques ». (ROSCOE-SCHORLEMMER : Manuel complet de chimie, tome II, p. 823) [4], que leur qualité est donc déterminée par la quantité de leur poids atomique. Et la confirmation en a été fournie d'une façon éclatante. Mendeléiev démontra que dans les séries, rangées par poids atomiques croissants, des éléments apparentés, on rencontre diverses lacunes, qui indiquent qu'il y a là de nouveaux éléments restant à découvrir. Il décrivit à l'avance les propriétés chimiques générales d'un de ces éléments inconnus qu'il appela l'Ekaaluminium, parce qu'il suit l'aluminium dans la série qui, commence par ce corps [5], et il prédit approximativement son poids spécifique et atomique ainsi que son volume atomique. Quelques années plus tard Lecoq de Boisbaudran découvrait effectivement cet élément, et les prédictions de Mendeléiev se trouvèrent exactes à de très légers écarts près. L'Ekaaluminium était réalisé dans le gallium (ibid., p. 828). Grâce à l'application - inconsciente - de la loi hégélienne du passage de la quantité à la qualité, Mendeléiev avait réalisé un exploit scientifique qui peut hardiment se placer aux côtés de celui de Leverrier calculant l'orbite de la planète Neptune encore inconnue [6].
Dans la biologie comme dans l'histoire de la société humaine, la même loi se vérifie à chaque pas, mais nous voulons nous en tenir ici à des exemples empruntés aux sciences exactes, puisque c'est ici que les quantités peuvent être exactement mesurées et suivies.
[1] Engels a en vue la préface de Heine à la troisième partie du « Salon », écrite en 1837 et intitulée « Le Délateur ». (O.G.I.Z., Obs.).
[2] En ce qui concerne le sixième tome du recueil allemand des œuvres de Hegel, le texte et la pagination coïncident entièrement entre la première édition (Berlin, 1840) et la deuxième édition (Berlin, 1843). Engels cite le sixième tome, semble-t-il, d'après la seconde édition. (O.G.I.Z., Obs.)
[3] Engels indique les pages du troisième tome-du recueil allemand des oeuvres de Hegel d'après la deuxième édition. (Berlin, 1841.) (O.G.I.Z., Obs.)
[4] ROSCOE-SCHORLEMMER: Manuel complet de chimie, tome Il, Brunswick, 1879. (N.R.)
[5] Pour désigner les maillons manquants du système périodique des éléments, Mendeléiev proposait de se servir des noms de nombre sanscrits « eka », « dvi », « tri » « tchatour », en les employant comme préfixes du nom des éléments après lesquels ces maillons manquants devaient venir se ranger. (O.G.I.Z., Obs.)
[6] Depuis, la loi hégélienne appliquée aux éléments a reçu d'autres brillantes confirmations, prolongeant la découverte de Mendeléiev. Tout d'abord, la qualité chimique de l'élément est définie par le nombre de protons que renferme son noyau, tandis que sa variété isotopique, c'est-à-dire sa qualité nucléaire (ses propriétés radioactives par exemple) ainsi que celles de ses propriétés physiques qui dépendent de sa masse atomique sont déterminées par le nombre de neutrons que contient le noyau. En outre, à partir d'une loi découverte par Pauli selon laquelle il ne peut exister dans un même atome deux électrons possédant les mêmes caractéristiques de mouvement, il est possible d'établir une règle quantitative donnant l'explication rationnelle (bien qu'encore imparfaite) du caractère périodique de la classification de Mendeléiev. (N.R.)
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MAriage
21/07/2012 17:30
Le mariage est donc arrangé par les deux familles, recourant aux bons offices de « marieurs » rétribués par une somme d’argent souvent coquette placée dans une enveloppe rouge. C’est ainsi que dans « le palanquin des larmes », Tante Ma, une marieuse, tourne constamment autour de la famille de l’auteur afin de proposer un mari à l’auteur et à sa sœur.
Le jour du mariage est souvent celui où, pour la première fois, les deux époux se rencontrent, la jeune épousée quittant à jamais sa maison dans un palanquin rouge, nommé « palanquin de joie » par les traditions, mais que Chow Ching Lie transformera en « palanquin des larmes » afin d’évoquer la douleur de la séparation de sa famille et son mariage forcé à l’âge de 13 ans. La jeune femme chinoise va épouser plutôt la famille de son mari que son mari. Le vocabulaire traduit ce fait : le mot pour désigner le mariage est différent selon qu’il décrit le mariage de la femme ou le mariage de l’homme. Pour la femme, le mot s’écrit avec le caractère de la femme et celui de la famille. Pour l’homme, le mot s’écrit avec le caractère de la femme placé sous le caractère « prendre ».
Le mariage arrangé signifie donc que la femme change de famille, de culte, d’ancêtres à vénérer. Il entraîne inévitablement de nombreuses tragédies. En particulier, la jeune mariée est assez mal accueillie dans sa nouvelle famille : elle est l’intruse, soumise à la double tyrannie de son mari et de sa belle-mère qui disposent à leur guise du droit de correction. Si Chow Ching Lie a eu un mari aimant et attentionné, elle a souffert de la persécution de sa belle-mère et de ses beaux-frères et belles-sœurs. Elle explique d’ailleurs comment, de fait, elle se retrouvait en situation d’infériorité : en tant que nouvelle venue, elle était par définition leur inférieure et devait appeler ses beaux-frères et belles-sœurs « oncles » et « tantes » afin de toujours se placer une génération en dessous d’eux. La jeune épouse devait aussi appeler ses beaux-parents « grand-père » et « grand-mère ». Même les héros des contes que le frère de l’auteur racontait à sa sœur se soumettaient à la hiérarchie et aux sacrifices traditionnels : par exemple, la femme devait se sacrifier pour ses beaux-parents d’abord, pour ses enfants ensuite.
La morale confucéenne impose trois soumissions : la femme avant le mariage est soumise à son père, puis à son mari, et en cas de veuvage à son fils aîné ; cette morale dicte également quatre vertus : la conduite (chasteté), le vêtement (modeste), l’élocution (réserve et quasi-silence) et les qualités ménagères. L’adolescence de Chow Ching Lie illustre bien les propos du sinologue Marcel Granet qui écrit à propos de la Chinoise : « dès qu’elle sait parler, on l’oriente vers une destinée de soumission en lui apprenant à dire oui sur le ton humble qui convient aux femmes ». La femme a un seul destin : mettre au monde un enfant mâle. Autrement, elle devra accepter une ou plusieurs concubines dont les enfants mâles entreront pleinement dans la famille. « Le Palanquin des larmes » décrit parfaitement la conduite exigée de l’épouse par sa belle-famille : elle doit s’effacer, ne jamais se faire remarquer.
La victoire de la révolution chinoise en 1949 ouvre des perspectives pour une libération de la femme. Le jeune Mao Zedong dénonçait déjà en 1919 le suicide d’une certaine mademoiselle Zhao, qui s’était tranché la gorge dans son palanquin nuptial car elle refusait le fiancé qui venait de lui être présenté. Ce fait divers tragique avait vivement frappé les dirigeants du Mouvement du 4 Mai, premier noyau du parti communiste chinois. Mao Zedong publia à ce sujet neuf articles dans le journal de Changscha condamnant avec force la doctrine du mariage prédestiné et appelant à la révolution familiale qui « libérera le mariage et l’amour ».
La loi sur le mariage est l’une des premières décisions importantes du nouveau régime, après la fondation de la République Populaire de Chine le 1er octobre 1949. C’est ainsi que la femme chinoise reçoit le droit d’hériter pour la première fois de son histoire. On libère tous les opprimés : les pauvres, les femmes… Il n’y a plus de concubines, de fiancées enfants, de droit de vie et de mort pour le mari. La loi de 1950, complétée par celle de 1981, énonce les fondements juridiques de l’égalité entre hommes et femmes en Chine. On reconnaît des droits aux femmes, comme la liberté de choisir son conjoint. Le divorce est désormais permis. Chow Ching Lie décrit exactement cette période de libération, accompagnée de meetings d’accusation organisés pour servir d’exemple et punir les fautifs (souteneurs, maquerelles, propriétaires fonciers despotiques à la campagne, etc.). Les lynchages spontanés sont nombreux.
La loi sur le mariage est pour l’essentiel appliquée. La plupart des scandales signalés dans la presse trouvent leurs conclusions devant les tribunaux. Ces affaires sont présentées non pas comme des faits divers mais comme des exemples à ne pas suivre, comme l’objet de débats, de dénonciations publiques. La Ligue des jeunesses communistes, l’Union des femmes chinoises sont très actives. On constate également la réelle combativité de certaines femmes qui commencent à sortir du cercle traditionnel : acceptation de l’injustice ou suicide de protestation.
La femme chinoise est également libérée de la famille patriarcale : elle n’a plus à subir les tourments imposés par sa belle-famille. Cependant, si cette libération a eu lieu d’un côté, la femme chinoise se retrouve désormais enfermée dans la famille nucléaire placée sous la surveillance du voisinage et du comité de Parti. Dans son roman, Chow Ching Lie décrit avec précision les différentes pressions imposées par les responsables du parti communiste et les membres locaux. Ces pressions touchent de manière égale hommes et femmes, obligeant par exemple les beaux-parents de l’auteur à fuir à Hongkong à cause de leur richesse qui les désignait comme bourgeois capitalistes. Le frère de Chow Ching Lie, pourtant partisan fervent du parti, est durement sanctionné pour avoir séjourné à Hongkong, même si ce n’était que pour y aider sa sœur.
Cependant, les femmes sont victimes de pressions bien particulières, principalement liées à la volonté de limiter les naissances : ainsi, le responsable du planning familial dans chaque village ou chaque rue détient un gros carnet portant le nom de tous les couples en âge de procréer placés sous sa surveillance avec l’âge des femmes, la date des mariages, l’âge de chaque enfant, l’année où les parents sont éventuellement autorisés à avoir un enfant, les méthodes contraceptives utilisées par le couple ou la date de stérilisation éventuelle de l’un des deux conjoints. Les conséquences de ce contrôle sont fort concrètes, surtout pour la femme : toute conception non acceptée par « les masses » entraîne l’avortement obligatoire dans les 50 jours. Transgresser cette décision se transforme en une véritable catastrophe pour la femme : l’enfant survenu ainsi est une sorte de bâtard social, privé d’aide publique, exclu des crèches et des garderies.
Mao avait dit que « les femmes portent sur les épaules la moitié du ciel et elle doivent la conquérir ». En théorie aujourd’hui, l’égalité entre hommes et femmes est présente dans tous les domaines : politique, juridique, économique, culturel, moral. En 45 ans de règne autoritaire, le régime a réussi à imposer une spectaculaire amélioration de la vie féminine, surtout dans les villes, malgré la survivance d’une misogynie fondamentale, dont le signe le plus évident est le mépris qui continue à frapper les femmes qui accouchent d’une fille et inversement la véritable gloire de celles qui mettent au monde un garçon. Mais la politique de l’enfant unique soumet la femme à des stérilisations forcées et des avortements barbares. De plus, depuis que le pouvoir, boom économique aidant, a quelque peu relâché son emprise sur les modes de vie, beaucoup d’hommes se sentent de nouveau autorisés à traiter les femmes comme au bon vieux temps, c’est-à-dire en esclaves.
Alors qu’elle narre les souffrances qu’elle a endurées lors des premières années de son mariage à cause des traditionnelles brimades de sa belle-famille, Chow Ching Lie se penche dans la deuxième partie de son témoignage sur le contrôle rapproché exercé par le parti communiste sur la population en général, après avoir décrit les actions du nouveau gouvernement en faveur de l’égalité entre hommes et femmes. Cependant, bien que vivant à Hongkong et ne subissant plus la pression de sa belle-famille diminuée par les événements, l’auteur continue pendant un temps à recevoir des lettres de son père lui recommandant de « ne pas sourire », afin de ne pas séduire d’autres hommes que son mari : la tradition chinoise veut en effet que la veuve soit fidèle à son mari même après sa mort, et Chow Ching Lie respectera cette tradition, non par amour pour un mari qu'elle n'aimait pas, mais par respect de la coutume si profondément ancrée dans les mentalités, malgré les nouvelles lois et mœurs du régime de Mao.
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