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Créé le : 30/10/2011 10:35
Modifié : 26/12/2012 21:55

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MAriage

21/07/2012 17:30



Le mariage est donc arrangé par les deux familles, recourant aux bons offices de « marieurs » rétribués par une somme d’argent souvent coquette placée dans une enveloppe rouge. C’est ainsi que dans « le palanquin des larmes », Tante Ma, une marieuse, tourne constamment autour de la famille de l’auteur afin de proposer un mari à l’auteur et à sa sœur.

Le jour du mariage est souvent celui où, pour la première fois, les deux époux se rencontrent, la jeune épousée quittant à jamais sa maison dans un palanquin rouge, nommé « palanquin de joie » par les traditions, mais que Chow Ching Lie transformera en « palanquin des larmes » afin d’évoquer la douleur de la séparation de sa famille et son mariage forcé à l’âge de 13 ans. La jeune femme chinoise va épouser plutôt la famille de son mari que son mari. Le vocabulaire traduit ce fait : le mot pour désigner le mariage est différent selon qu’il décrit le mariage de la femme ou le mariage de l’homme. Pour la femme, le mot s’écrit avec le caractère de la femme et celui de la famille. Pour l’homme, le mot s’écrit avec le caractère de la femme placé sous le caractère « prendre ».

Le mariage arrangé signifie donc que la femme change de famille, de culte, d’ancêtres à vénérer. Il entraîne inévitablement de nombreuses tragédies. En particulier, la jeune mariée est assez mal accueillie dans sa nouvelle famille : elle est l’intruse, soumise à la double tyrannie de son mari et de sa belle-mère qui disposent à leur guise du droit de correction. Si Chow Ching Lie a eu un mari aimant et attentionné, elle a souffert de la persécution de sa belle-mère et de ses beaux-frères et belles-sœurs. Elle explique d’ailleurs comment, de fait, elle se retrouvait en situation d’infériorité : en tant que nouvelle venue, elle était par définition leur inférieure et devait appeler ses beaux-frères et belles-sœurs « oncles » et « tantes » afin de toujours se placer une génération en dessous d’eux. La jeune épouse devait aussi appeler ses beaux-parents « grand-père » et « grand-mère ». Même les héros des contes que le frère de l’auteur racontait à sa sœur se soumettaient à la hiérarchie et aux sacrifices traditionnels : par exemple, la femme devait se sacrifier pour ses beaux-parents d’abord, pour ses enfants ensuite.

La morale confucéenne impose trois soumissions : la femme avant le mariage est soumise à son père, puis à son mari, et en cas de veuvage à son fils aîné ; cette morale dicte également quatre vertus : la conduite (chasteté), le vêtement (modeste), l’élocution (réserve et quasi-silence) et les qualités ménagères. L’adolescence de Chow Ching Lie illustre bien les propos du sinologue Marcel Granet qui écrit à propos de la Chinoise : « dès qu’elle sait parler, on l’oriente vers une destinée de soumission en lui apprenant à dire oui sur le ton humble qui convient aux femmes ». La femme a un seul destin : mettre au monde un enfant mâle. Autrement, elle devra accepter une ou plusieurs concubines dont les enfants mâles entreront pleinement dans la famille. « Le Palanquin des larmes » décrit parfaitement la conduite exigée de l’épouse par sa belle-famille : elle doit s’effacer, ne jamais se faire remarquer.

 

 

La victoire de la révolution chinoise en 1949 ouvre des perspectives pour une libération de la femme. Le jeune Mao Zedong dénonçait déjà en 1919 le suicide d’une certaine mademoiselle Zhao, qui s’était tranché la gorge dans son palanquin nuptial car elle refusait le fiancé qui venait de lui être présenté. Ce fait divers tragique avait vivement frappé les dirigeants du Mouvement du 4 Mai, premier noyau du parti communiste chinois. Mao Zedong publia à ce sujet neuf articles dans le journal de Changscha condamnant avec force la doctrine du mariage prédestiné et appelant à la révolution familiale qui « libérera le mariage et l’amour ».

La loi sur le mariage est l’une des premières décisions importantes du nouveau régime, après la fondation de la République Populaire de Chine le 1er octobre 1949. C’est ainsi que la femme chinoise reçoit le droit d’hériter pour la première fois de son histoire. On libère tous les opprimés : les pauvres, les femmes… Il n’y a plus de concubines, de fiancées enfants, de droit de vie et de mort pour le mari. La loi de 1950, complétée par celle de 1981, énonce les fondements juridiques de l’égalité entre hommes et femmes en Chine. On reconnaît des droits aux femmes, comme la liberté de choisir son conjoint. Le divorce est désormais permis. Chow Ching Lie décrit exactement cette période de libération, accompagnée de meetings d’accusation organisés pour servir d’exemple et punir les fautifs (souteneurs, maquerelles, propriétaires fonciers despotiques à la campagne, etc.). Les lynchages spontanés sont nombreux.

La loi sur le mariage est pour l’essentiel appliquée. La plupart des scandales signalés dans la presse trouvent leurs conclusions devant les tribunaux. Ces affaires sont présentées non pas comme des faits divers mais comme des exemples à ne pas suivre, comme l’objet de débats, de dénonciations publiques. La Ligue des jeunesses communistes, l’Union des femmes chinoises sont très actives. On constate également la réelle combativité de certaines femmes qui commencent à sortir du cercle traditionnel : acceptation de l’injustice ou suicide de protestation.

 

 

La femme chinoise est également libérée de la famille patriarcale : elle n’a plus à subir les tourments imposés par sa belle-famille. Cependant, si cette libération a eu lieu d’un côté, la femme chinoise se retrouve désormais enfermée dans la famille nucléaire placée sous la surveillance du voisinage et du comité de Parti. Dans son roman, Chow Ching Lie décrit avec précision les différentes pressions imposées par les responsables du parti communiste et les membres locaux. Ces pressions touchent de manière égale hommes et femmes, obligeant par exemple les beaux-parents de l’auteur à fuir à Hongkong à cause de leur richesse qui les désignait comme bourgeois capitalistes. Le frère de Chow Ching Lie, pourtant partisan fervent du parti, est durement sanctionné pour avoir séjourné à Hongkong, même si ce n’était que pour y aider sa sœur.

Cependant, les femmes sont victimes de pressions bien particulières, principalement liées à la volonté de limiter les naissances : ainsi, le responsable du planning familial dans chaque village ou chaque rue détient un gros carnet portant le nom de tous les couples en âge de procréer placés sous sa surveillance avec l’âge des femmes, la date des mariages, l’âge de chaque enfant, l’année où les parents sont éventuellement autorisés à avoir un enfant, les méthodes contraceptives utilisées par le couple ou la date de stérilisation éventuelle de l’un des deux conjoints. Les conséquences de ce contrôle sont fort concrètes, surtout pour la femme : toute conception non acceptée par « les masses » entraîne l’avortement obligatoire dans les 50 jours. Transgresser cette décision se transforme en une véritable catastrophe pour la femme : l’enfant survenu ainsi est une sorte de bâtard social, privé d’aide publique, exclu des crèches et des garderies.

 

 

Mao avait dit que « les femmes portent sur les épaules la moitié du ciel et elle doivent la conquérir ». En théorie aujourd’hui, l’égalité entre hommes et femmes est présente dans tous les domaines : politique, juridique, économique, culturel, moral. En 45 ans de règne autoritaire, le régime a réussi à imposer une spectaculaire amélioration de la vie féminine, surtout dans les villes, malgré la survivance d’une misogynie fondamentale, dont le signe le plus évident est le mépris qui continue à frapper les femmes qui accouchent d’une fille et inversement la véritable gloire de celles qui mettent au monde un garçon. Mais la politique de l’enfant unique soumet la femme à des stérilisations forcées et des avortements barbares. De plus, depuis que le pouvoir, boom économique aidant, a quelque peu relâché son emprise sur les modes de vie, beaucoup d’hommes se sentent de nouveau autorisés à traiter les femmes comme au bon vieux temps, c’est-à-dire en esclaves.

Alors qu’elle narre les souffrances qu’elle a endurées lors des premières années de son mariage à cause des traditionnelles brimades de sa belle-famille, Chow Ching Lie se penche dans la deuxième partie de son témoignage sur le contrôle rapproché exercé par le parti communiste sur la population en général, après avoir décrit les actions du nouveau gouvernement en faveur de l’égalité entre hommes et femmes. Cependant, bien que vivant à Hongkong et ne subissant plus la pression de sa belle-famille diminuée par les événements, l’auteur continue pendant un temps à recevoir des lettres de son père lui recommandant de « ne pas sourire », afin de ne pas séduire d’autres hommes que son mari : la tradition chinoise veut en effet que la veuve soit fidèle à son mari même après sa mort, et Chow Ching Lie respectera cette tradition, non par amour pour un mari qu'elle n'aimait pas, mais par respect de la coutume si profondément ancrée dans les mentalités, malgré les nouvelles lois et mœurs du régime de Mao.

 






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