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Travail et organisation
25/07/2012 16:04
LE RÔLE DU TRAVAIL DANS LA TRANSFORMATION des moyens de culture . nz
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Le travail, disent les économistes, est la source de toute richesse. Il l'est effectivement... conjointement avec la nature qui lui fournit la matière qu'il transforme en richesse. Mais il est infiniment plus encore. Il est la condition fondamentale première de toute vie humaine, et il l'est à un point tel que, dans un certain sens, il nous faut dire : le travail a créé l'homme lui-même.
Il y a plusieurs centaines de milliers d'années, à une période encore impossible à déterminer avec certitude de cette ère de l'histoire de la terre que les géologues appellent l'ère tertiaire, probablement vers la fin, vivait quelque part dans la zone tropicale, - vraisemblablement sur un vaste continent englouti aujourd'hui dans l'océan Indien [2], - une race de singes anthropoïdes qui avaient atteint un développement particulièrement élevé. Darwin nous a donné une description approximative de ces singes qui seraient nos ancêtres. Ils étaient entièrement velus, avaient de la barbe et les oreilles pointues et vivaient en bandes sur les arbres.
Sous l'influence, au premier chef sans doute, de leur mode de vie qui exige que les mains accomplissent pour grimper d'autres fonctions que les pieds, ces singes commencèrent à perdre l'habitude de s'aider de leurs mains pour marcher sur le sol et adoptèrent de plus en plus une démarche verticale. Ainsi était franchi le pas décisif pour le passage du singe, à l'homme.
Tous les singes anthropoïdes vivant encore de nos jours peuvent se tenir debout et se déplacer sur leurs deux jambes seulement ; mais ils ne le font qu'en cas de nécessité et avec la plus extrême maladresse. Leur marche naturelle s'accomplit en position à demi verticale et implique l'usage des mains. La plupart appuient sur le sol les phalanges médianes de leurs doigts repliés et, rentrant les jambes, font passer le corps entre leurs longs bras, comme un paralytique qui marche avec des béquilles. En général, nous pouvons aujourd'hui encore observer chez les singes tous les stades du passage de la marche à quatre pattes à la marche sur deux jambes. Mais chez aucun d'eux cette dernière n'a dépassé le niveau d'un moyen de fortune.
Si, chez nos ancêtres velus, la marche verticale devait devenir d'abord la règle, puis une nécessité, cela suppose que les mains devaient s'acquitter de plus en plus d'activités d'une autre sorte. Même chez les singes, il règne déjà une certaine division des fonctions entre les mains et les pieds. Comme nous l'avons déjà dit, la main est utilisée d'une autre façon que le pied pour grimper. Elle sert plus spécialement à cueillir et à tenir la nourriture, comme le font déjà avec leurs pattes de devant certains mammifères inférieurs. Beaucoup de singes s'en servent pour construire des nids dans les arbres ou même, comme le chimpanzé, des toits entre les branches pour se garantir du mauvais temps. Avec la main ils saisissent des bâtons pour se défendre contre leurs ennemis, ou les bombardent avec des fruits et des pierres. En captivité, elle leur sert à accomplir un certain nombre d'opérations simples qu'ils imitent de l'homme [3]. Mais c'est ici précisément qu'apparaît toute la différence entre la main non développée du singe même le plus semblable à l'homme et la main de l'homme hautement perfectionnée par le travail de milliers de siècles. Le nombre et la disposition générale des os et des muscles sont les mêmes chez l'un et chez l'autre [4] ; mais la main du sauvage le plus inférieur peut exécuter des centaines d'opérations qu'aucune main de singe ne peut imiter. Aucune main de singe n'a jamais fabriqué le couteau de pierre le plus grossier.
Aussi les opérations auxquelles nos ancêtres, au cours de nombreux millénaires, ont appris à adapter peu à peu leur main à l'époque du passage du singe à l'homme, n'ont-elles pu être au début que des opérations très simples. Les sauvages les plus inférieurs, même ceux chez lesquels on peut supposer une rechute à un état assez proche de l'animal, accompagnée de régression physique, sont à un niveau bien plus élevé encore que ces créatures de transition. Avant que le premier caillou ait été façonné par la main de l'homme pour en faire un couteau, il a dû s'écouler des périodes au regard desquelles la période historique connue de nous apparaît insignifiante. Mais le pas décisif était accompli : la main s'était libérée, elle pouvait désormais acquérir de plus en. plus d'habiletés nouvelles et la souplesse plus grande ainsi acquise se transmit par hérédité et augmenta de génération en génération [5].
Ainsi la main n'est pas seulement l'organe du travail, elle est aussi le Produit du travail. Ce n'est que grâce à lui, grâce à l'adaptation à des opérations toujours nouvelles, grâce à la transmission héréditaire du développement particulier ainsi acquis des muscles, des tendons et, à intervalles plus longs, des os eux-mêmes, grâce enfin à l'application sans cesse répétée de cet affinement héréditaire à des opérations nouvelles, toujours plus compliquées, que la main de l'homme a atteint ce haut degré de perfection où elle peut faire surgir le miracle des tableaux de Raphaël, des statues des Thorwaldsen, de la musique de Paganini.
Mais la main n'était pas seule. Elle était simplement un des membres de tout un organisme extrêmement complexe. Ce qui profitait à la main profitait au corps tout entier, au service duquel elle travaillait, - et cela de deux façons.
Tout d'abord, en vertu de la loi de corrélation de croissance, comme l'a nommée Darwin. Selon cette loi, les formes déterminées de diverses parties d'un être organique sont toujours liées à certaines formes d'autres parties qui apparemment n'ont aucun lien avec elles. Ainsi, tous les animaux sans exception qui ont des globules rouges sans noyau cellulaire et dont l'occiput est relié à la première vertèbre par une double articulation (condyles) ont aussi sans exception des glandes mammaires pour allaiter leurs petits. Ainsi, chez les mammifères, les sabots fourchus sont régulièrement associés à l'estomac multiple du ruminant. La modification de formes déterminées entraîne le changement de forme d'autres parties du corps sans que nous puissions expliquer cette connexion [6]. Les chats tout blancs aux yeux bleus sont toujours, ou presque toujours sourds. L'affinement progressif de la main humaine et le perfectionnement simultané du pied pour la marche verticale ont à coup sûr réagi également, par l'effet d'une corrélation semblable sur d'autres parties de l'organisme. Toutefois cette action est encore beaucoup trop^peu étudiée pour qu'on puisse faire plus ici que la constater en général.
La réaction directe et susceptible de preuve du développement de la main sur le reste de l'organisme est bien plus importante. Comme nous l'avons déjà dit, nos ancêtres simiesques étaient des êtres sociables; il est évidemment impossible de faire dériver l'homme, le plus sociable des animaux, d'un ancêtre immédiat qui ne le serait pas. La domination de la nature qui commence avec le développement de la main, avec le travail, a élargi à chaque progrès l'horizon de l'homme. Dans les objets naturels, il découvrait constamment des propriétés nouvelles, inconnues jusqu'alors. D'autre part, le développement du travail a nécessairement contribué à resserrer les liens entre les membres de la société en multipliant les cas d'assistance mutuelle, de coopération commune, et en rendant plus clair chez chaque individu la conscience de l'utilité de cette coopération. Bref, les hommes en formation en arrivèrent au point où ils avaient réciproquement quelque chose à se dire. Le besoin se créa son organe, le larynx non développé du singe se transforma, lentement mais sûrement, grâce à la modulation pour s'adapter à une modulation sans cesse développée, et les organes de la bouche apprirent peu à peu à prononcer un son articulé après l'autre.
La comparaison avec les animaux démontre que cette explication de l'origine du langage, né du travail et l'accompagnant, est la seule exacte. Ce que ceux-ci, même les plus développés, ont à se communiquer est si minime qu'ils peuvent le faire sans recourir au langage articulé. A l'état de nature, aucun animal ne ressent comme une imperfection le fait de ne pouvoir parler ou comprendre le langage humain. Il en va tout autrement quand il est domestiqué par l'homme. Dans les relations avec les hommes, le chien et le cheval ont acquis une oreille si fine pour le langage articulé qu'ils peuvent facilement apprendre à comprendre tout langage, dans les limites du champ de leur représentation. Ils ont gagné en outre la faculté de ressentir par exemple de l'attachement pour les hommes, de la reconnaissance, etc., sentiments qui leur étaient autrefois étrangers , et quiconque a eu beaucoup affaire à ces animaux pourra difficilement échapper à la conviction qu'il y a suffisamment de cas où ils ressentent maintenant le fait de ne pouvoir parler comme une imperfection à laquelle il n'est toutefois plus possible de remédier, étant donné la trop grande spécialisation dans une direction déterminée de leurs organes vocaux. Mais là où l'organe existe, cette incapacité disparaît aussi à l'intérieur de certaines limites. Les organes buccaux des animaux sont assurément aussi différents que possible de ceux de l'homme ; et pourtant les oiseaux -sont les seuls animaux qui apprennent à parler, et c'est l'oiseau à la voix la plus effroyable, le perroquet, qui parle le mieux. Qu'on ne dise pas qu'il ne comprend pas ce qu'il dit. Sans doute répétera-t-il pendant des heures, en jacassant, tout son vocabulaire, par pur plaisir de parler ou d'être dans la société des hommes. Mais, dans les limites du champ de sa représentation, il peut aussi apprendre à comprendre ce qu'il dit. Apprenez des injures à un perroquet, de sorte qu'il ait quelque idée de leur sens (un des amusements de prédilection des matelots qui reviennent des régions tropicales) ; excitez-le, et vous verrez bien vite qu'il sait utiliser ses injures avec autant de pertinence qu'une marchande de légumes de Berlin. De même lorsqu'il s'agit de mendier des friandises.
D'abord le travail; après lui, puis en même temps que lui, le langage : tels sont les deux stimulants essentiels sous l'influence desquels le cerveau d'un singe s'est peu à peu transformé en un cerveau d'homme, qui, malgré toute ressemblance, le dépasse de loin en taille et en perfection. Mais, marchant de pair avec le développement du cerveau, il y eut celui de ses outils immédiats, les organes des sens. De même que, déjà, le développement progressif du langage s'accompagne nécessairement d'une amélioration correspondante de l'organe de Fouie, de même le développement du cerveau s'accompagne en général de celui de tous les sens. La vue de l'aigle porte beaucoup plus loin que celle de l'homme ; mais l’œil de 'homme remarque beaucoup plus dans les choses que celui de l'aigle. Le chien a le nez bien plus fin que l'homme, mais il ne distingue pas le centième des odeurs qui sont pour celui-ci les signes certains de diverses choses. Et le sens du toucher qui, chez le singe, existe à peine dans ses rudiments les plus grossiers, n'a été développé qu'avec la main humaine elle-même, grâce au travail.
Le développement du cerveau et des sens qui lui sont subordonnés, la clarté croissante de la conscience, le perfectionnement de la faculté d'abstraction et de raisonnement ont réagi sur le travail et le langage et n'ont cessé de leur donner, à l'un et à l'autre, des impulsions sans cesse nouvelles pour. continuer à se perfectionner. Ce perfectionnement ne se termina pas au moment où l'homme fut définitivement séparé du singe; dans l'ensemble, il a au contraire continué depuis. Avec des progrès différents en degré et en direction chez les divers peuples et aux différentes époques, interrompus même çà et là par une régression locale et temporaire, il a marché en avant d'un pas vigoureux, recevant d'une part une nouvelle et puissante impulsion,. d'autre part une direction plus définie d'un élément nouveau qui a surgi de surcroît avec l'apparition de l'homme achevé : la société.
Des centaines de milliers d'années, - l'équivalent dans l'histoire de la terre d'une seconde dans la vie de l'homme [7], - ont dû s'écouler avant que de la bande de singes grimpant aux arbres soit sortie une société d'hommes. Mais, en fin de compte, elle existait. Et que trouvons-nous ici encore comme différence caractéristique entre le troupeau de singes et la société humaine ? Le travail. Le troupeau de singes se contentait d'épuiser la nourriture de l'aire qui lui était assignée par la situation géographique ou par la résistance de troupeaux voisins ; il errait de place en place ou entrait en lutte avec les bandes avoisinantes pour gagner une nouvelle aire riche en nourriture, mais il était incapable de tirer de son domaine alimentaire plus que celui-ci n'offrait par nature, en dehors de ce qu'il le fumait inconsciemment de ses ordures. Dès que tous les territoires susceptibles d'alimenter les singes furent occupés, il ne pouvait plus y avoir d'augmentation de leur population. Le nombre des animaux pouvait tout au plus rester constant. Mais tous les animaux pratiquent à un haut degré le gaspillage de la nourriture et en outre ils détruisent en germe les pousses nouvelles. Au contraire du chasseur, le loup n'épargne pas la chevrette qui lui fournira de petits chevreuils l'année suivante : en Grèce, les chèvres qui broutent les jeunes broussailles avant qu'elles aient eu le temps de pousser ont rendu arides toutes les montagnes de ce pays. Cette « économie de proie » des animaux joue un rôle important dans la transformation progressive des espèces, en les obligeant à s'accoutumer à une nourriture autre que la nourriture habituelle, grâce à quoi leur sang acquiert une autre composition chimique, et leur constitution physique tout entière change peu à peu, tandis que les espèces fixées une fois pour toutes dépérissent. Il n'est pas douteux que ce gaspillage a puissamment contribué à la transformation en hommes de nos ancêtres. Dans une race de singes, surpassant de loin toutes les autres quant à l'intelligence et à la faculté d'adaptation, cette pratique devait avoir pour résultat que le nombre des plantes entrant dans leur nourriture s'étendit de plus en plus, que les parties comestibles de ces plantes furent consommées en nombre toujours plus grand, en un mot que la nourriture devint de plus en plus variée et, du même coup, les éléments entrant dans l'organisme, créant ainsi les conditions chimiques du passage du singe à l'homme. Mais tout cela n'était pas encore du travail proprement dit. Le travail commence avec la fabrication d'outils. Or quels sont les outils les plus anciens que nous trouvions ? Comment se présentent les premiers outils, à en juger d'après les vestiges retrouvés d'hommes préhistoriques et d'après le mode de vie des premiers peuples de histoire ainsi que des sauvages actuels les plus primitifs ? Comme instruments de chasse et de pêche, les premiers servant en même temps d'armes. Mais la chasse et la pêche supposent le passage de l'alimentation purement végétarienne à la consommation simultanée de la viande, et nous avons à nouveau ici un pas essentiel vers la transformation en homme. L'alimentation carnée contenait, presque toute prêtes, les substances essentielles dont le corps a besoin pour son métabolisme ; en même temps que la digestion, elle raccourcissait dans le corps la durée des autres processus végétatifs, correspondant au processus de la vie des plantes, et gagnait ainsi
[1] Tiré de la deuxième classe. Primitivement, ce chapitre a été écrit par Engels pour servir d'introduction à un grand et vaste travail intitulé: « Les trois formes fondamentales de la servitude. » Par la suite, Engels changea ce titre en : « L'asservissement du travailleur. » Mais, sous cette forme, ce travail resta inachevé et en fin de compte Engels donna au chapitre d'introduction qu'il avait écrit le titre : « Le rôle du travail dans la transformation du singe en homme » qui correspond aux 8 ou 9 premières pages du manuscrit (les 2 ou 3 dernières pages représentent le passage à un grand traité sur le thème de l'asservissement de l'humanité travailleuse). Ce chapitre a été vraisemblablement écrit en 1876. Nous avons en faveur de cette hypothèse la lettre de W. Liebknecht à Engels du 10 juin 1876, dans laquelle, entre autres, Liebknecht écrit qu'il attend avec impatience le travail promis par Engels pour le journal Der Volksstaat sur « les trois formes fondamentales de la servitude ». Ce chapitre a été publié en 1896 dans la Neue Zeit (Jahrgang XIV, Bd., 2, pp. 545-554). (O.G.I.Z., Obs.)
[2] En 1876, on ne connaissait pas de restes intermédiaires entre les singes anthropomorphes et l'homme; l'hypothèse du continent englouti avait pour objet d'expliquer cette carence. A présent, on connaît des squelettes, ou des débris de squelettes, trouvés en Indonésie et en Chine. Bien qu'il ne soit pas certain que ces préhominiens aient été les ancêtres de l'homme, leur découverte démontre qu'il a effectivement existé des êtres intermédiaires. (N.R.)
[3] Les chimpanzés peuvent accomplir certaines opérations de leur propre initiative. L'analyse des réflexes par Pavlov et son école a inauguré l'étude expérimentale de l'imitation et de l'initiative. (N.R.)
[4] En fait, il existe entre la main du singe et celle de l'homme des différences de détail dans le nombre et la disposition des os et des muscles. (N.R.)
[5] L'hérédité des caractères acquis, qui ne faisait, on le voit ici, aucun doute pour Engels, a été niée par la génétique mendelo-morganienne, qui est basée sur le postulat que les variations héréditaires sont fortuites et inadéquates aux variations du milieu. Mitchourine et Lyssenko ont au contraire basé la génétique mitchourinienne moderne sur de multiples preuves expérimentales de l'hérédité des caractères acquis sous l'influence du milieu. (N.R.)
[6] L'ensemble de la physiologie moderne, avec les corrélations hormonales et autres et, surtout, les relations cortico-viscérales mises en évidence par Pavlov, a confirmé l'interdépendance des différentes parties de l'organisme, qu'Engels traite ici sous son aspect anatomique. (N.R.)
[7] Une éminente autorité dans ce domaine, Sir W. Thomson, a calculé qu'il ne pouvait pas s'être écoulé beaucoup plus de cent millions d'années* depuis le temps où la terre a été assez refroidie pour que des plantes et des animaux puissent y vivre. (Note d'Engels.)
* La découverte de la radio-activité a considérablement allongé ce temps, que l'on estime maintenant à environ quinze cents millions d'années. D'autre part, selon la théorie moderne, la terre s'échauffe et ne se refroidit pas. (N.R.)
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LEs processus .......
25/07/2012 16:02
Les processus se ramènent à la perte d'énergie dans la pile; ils ne concernent pas le fait que le mouvement électrique a pour origine de l'énergie chimique transformée, mais seulement la quantité de l'énergie transformée.
Les électriciens ont consacré un temps et une peine infinis à composer les piles les plus diverses et à mesurer leur « force électromotrice ». Les matériaux expérimentaux accumulés de ce fait contiennent beaucoup de choses précieuses, mais certainement plus encore de choses sans valeur. Quelle valeur scientifique ont par exemple des expériences scientifiques dans lesquelles on utilise pour électrolyte l' « eau », qui comme F. Kohlrausch l'a maintenant démontré, est le plus mauvais conducteur, donc aussi le plus mauvais électrolyte [1], dans lesquelles par conséquent ce n'est pas l'eau qui permet le processus, mais ses impuretés inconnues ? Et pourtant, plus de la moitié des expériences de Fechner reposent sur une telle utilisation de l'eau, même son experimentum crucis [2], à l'aide de laquelle il voulait établir de manière inébranlable la théorie du contact sur les ruines de la théorie chimique. Comme cela apparaît déjà ici, dans toutes les expériences en général, à l'exception d'un petit nombre, on ne prend pour ainsi dire pas en considération les processus chimiques dans la pile, qui sont cependant la source de la force dite électromotrice. Or il y a toute une série de piles dont la formule chimique ne permet absolument pas de tirer une conclusion sûre des conversions chimiques qui s'opèrent en elles après fermeture du circuit. Au contraire, comme le dit Wiedemann (1,797), il est
indéniable que nous sommes encore loin de pouvoir acquérir une vue complète dans tous les cas des attractions chimiques se produisant dans la pile.
Par conséquent, du point de vue de leur aspect chimique, qui prend de plus en plus d'importance, toutes les expériences de ce genre seront sans valeur, tant qu'elles ne seront pas répétées dans des conditions 'permettant le contrôle de ces processus.
Dans ces expériences, ce n'est que d'une façon tout à fait exceptionnelle qu'il est question de tenir compte des conversions d'énergie qui s'accomplissent dans la pile. Beaucoup ont été faites avant que la loi de l'équivalence du mouvement ait été reconnue scientifiquement, mais elles continuent, par habitude, à traîner d'un manuel à l'autre, sans être contrôlées et sans être terminées. Si l'on a dit : l'électricité n'a pas d'inertie (ce qui a à peu près autant de sens que de dire : la vitesse n'a pas de poids spécifique), on ne peut nullement affirmer la même chose de la théorie de l'électricité.
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**
Jusqu'ici nous avons considéré l'élément galvanique comme un dispositif dans lequel, grâce aux rapports de contact établis, de l'énergie chimique est, d'une manière encore inconnue, libérée et convertie en électricité. De même, nous avons présenté la cuve électrolytique comme un appareil dans lequel intervient le processus inverse, où du mouvement électrique est converti en énergie chimique et consommé comme tel. Nous avons dû, à cette occasion, mettre au premier plan l'aspect chimique du processus, aspect si négligé des électriciens; c'était en effet le seul moyen de se débarrasser du fatras des idées héritées par tradition de la vieille théorie du contact et de la théorie des deux fluides électriques. Ceci fait, il s'agit maintenant d'étudier la question de savoir si le processus chimique dans la pile se déroule dans les mêmes conditions qu'en dehors d'elle ou s'il se présente à cette occasion des phénomènes particuliers qui dépendent de l'excitation électrique.
Dans toute science, les idées fausses sont, en fin de compte, les erreurs d'observation mises à part, des représentations erronées de faits exacts. Ceux-ci demeurent, même lorsque nous avons démontré la fausseté des premières. Une fois rejetée la vieille théorie du contact, les faits établis auxquels elle devait servir d'explication, subsistent encore. Considérons ces faits, et en même temps, l'aspect proprement électrique des processus dans la pile.
Il est indiscutable qu'au contact de corps hétérogènes, avec ou sans changements chimiques, il se produit une excitation électrique que l'on peut prouver à l'aide d'un électroscope ou d'un galvanomètre. Comme nous l'avons déjà vu au début, la source d'énergie de ces phénomènes de mouvement, extrêmement minimes en eux-mêmes, est, dans les cas singuliers, difficile à établir ; bref, on admet généralement l'existence d'une telle source extérieure.
Kohlrausch a publié en 1850-1853 une série d'expériences dans lesquelles il assemble deux par deux les différents éléments constituants d'une pile, pour déterminer les tensions d'électricité statique qui se manifestent dans chaque cas ; la force électromotrice de l'élément devrait, dans sa pensée, se composer de la somme algébrique de ces tensions. En prenant pour base la tension Zn/Cu = 100, il calcule l'intensité relative de la pile de Daniell et de la pile de Grove de la façon suivante.
Pour l'élément Daniell :
Zn / Cu + amalg. Zn / SO4H2 + Cu / SO4Cu = 100 + 149 - 21 = 228
Pour l'élément Grove :
Zn / Pt + amalg. Zn / SO4H2 + Pt / NO3H = 107 + 149 + 149 = 405 ce qui correspond à peu de choses près à la mesure directe de l'intensité du courant de ces éléments. Mais ces résultats ne sont nullement sûrs. Premièrement, Wiedemann attire lui-même l'attention sur le fait que Kohlrausch ne donne que le résultat final, mais « malheureusement ne donne pas de données chiffrées pour les résultats des expériences isolées ». [I, p. 104.] Et, deuxièmement, Wiedemann reconnaît lui-même à plusieurs reprises que toutes les expériences tendant à déterminer quantitativement les excitations électriques dans le cas du contact des métaux, et plus encore dans celui du contact du métal et du liquide, sont pour le moins très peu sûres à cause des nombreuses sources inévitables d'erreur. Si, malgré tout, il opère plus d'une fois avec les chiffres de Kohlrausch, nous ferons mieux de ne pas le suivre dans cette voie, d'autant plus qu'il existe une autre possibilité de détermination, contre laquelle on ne peut pas faire ces objections.
Si l'on immerge les deux plaques excitatrices d'une pile dans le liquide, et qu'on les met en circuit avec les deux sorties d'un galvanomètre, selon Wiedemann
la déviation initiale de son aiguille aimantée, avant que des transformations chimiques aient modifié l'intensité du courant, donne la mesure de la somme des forces électromotrices dans le circuit fermé. [I, p. 62.]
De la sorte, des piles d'intensité différentes donnent des déviations initiales différentes, et la grandeur de ces déviations initiales est proportionnelle à l'intensité du courant des piles correspondantes.
Il pourrait sembler que nous ayons ici sous les d'une manière palpable la « force de séparation électrique », la « force de contact », provoquant un mouvement indépendamment de toute action chimique. C'est effectivement ce que pense toute la théorie du contact. Et, en fait, nous trouvons ici un rapport entre excitation électrique et action chimique que nous n'avons pas encore étudié dans ce qui précède. Pour passer à ce rapport, nous allons examiner d'un peu plus près la loi dite de la force électromotrice; nous y découvrirons qu'ici également les notions traditionnelles de contact, non seulement n'offrent pas d'explication, mais que derechef elles barrent directement la route à l'explication.
Si, dans un élément galvanique quelconque, composé de deux métaux et d'un liquide, par exemple, zinc, acide chlorhydrique dilué, cuivre, nous plaçons un troisième métal, par exemple une plaque de platine, sans la mettre en liaison avec le circuit externe par un fil conducteur, la déviation initiale du galvanomètre est exactement la même que sans la plaque de platine. Ainsi cette dernière n'influence pas l'excitation électrique. Mais dans la langue des défenseurs de la force électromotrice, la chose ne saurait être dite aussi simplement. Voici ce qu'on lit:
La somme des forces électromotrices du zinc et du platine et du platine et du cuivre a pris la place de la force électromotrice du zinc et du cuivre dans le liquide. Comme le chemin des électricités n'est pas sensiblement modifié par l'introduction de la plaque de platine, nous pouvons conclure de l'identité des indications du galvanomètre dans l'un et l'autre cas, que la force électromotrice du cuivre et du zinc dans le liquide est égale à celle du zinc et du platine + celle du platine et du cuivre dans le même liquide. Ceci correspondrait à la théorie établie par Volta de l'excitation électrique entre les métaux eux-mêmes. On exprime le résultat, valable pour tous les liquides ou métaux quelconques, en disant : lors de leur excitation électromotrice par des liquides, les métaux suivent la loi de la série voltaïque. On désigne aussi cette loi sous le nom de loi de la force électromotrice. (WIEDEMANN, I, 62.)
Lorsqu'on dit que, dans cette combinaison, le platine n'agit absolument pas en excitateur électrique, on exprime le fait tout simple. Lorsqu'on dit qu'il a tout de même le rôle d'un excitateur électrique, mais agissant avec une intensité égale dans deux directions opposées, de sorte que l'effet s'abolit, on transforme le fait en une hypothèse, simplement pour faire les honneurs à la « force électromotrice ». Dans les deux cas, le platine joue le rôle de figurant.
Au moment de la première déviation de l'aiguille du galvanomètre, le circuit n'est pas encore fermé. Tant que l'acide ne s'est pas décomposé, il n'est pas conducteur; il ne peut être conducteur que par le moyen des ions. Si le troisième métal n'a pas d'action sur la première déviation, cela vient simplement de ce qu'il est encore isolé.
Or comment se comporte le troisième métal après l'établissement du courant continu et pendant qu'il dure ?
Dans la série voltaïque des métaux dans !a plupart des liquides, le zinc occupe, après les métaux alcalins, à peu près l'extrémité positive, le platine l'extrémité négative et lé cuivre est entre les deux. Par conséquent si, comme plus haut, on place le platine entre le cuivre et le zinc, il est négatif à l'égard de 1 un et de l'autre. Si, somme toute, le platine avait une action, le courant dans le liquide devrait aller du zinc et du cuivre vers le platine, donc quitter les deux électrodes pour gagner le platine isolé ; ce qui est une contradictio in adjecto [3]. La condition fondamentale de l'efficacité de plusieurs métaux dans la pile consiste précisément en ce que, à l'extérieur, ils soient réunis entre eux en circuit fermé. Un métal non relié, en surnombre, dans la pile fait figure de non-conducteur; il ne peut ni former, ni laisser passer des ions, et sans ions nous ne connaissons pas de conduction dans les électrolytes. Il n'est donc pas seulement figurant, il est même un obstacle qui oblige les ions à le contourner.
Il en va de même si nous relions le zinc et le platine et que nous plaçons au milieu le cuivre non relié: celui-ci, s'il avait somme toute une action, engendrerait ici un courant du zinc au cuivre et un second du cuivre au platine, il devrait donc jouer le rôle d'une sorte d'électrode intermédiaire et dégager sur sa face tournée vers le zinc de l'hydrogène gazeux, ce qui est derechef impossible.
Si nous nous débarrassons de la manière traditionnelle de s'exprimer des partisans de la force électromotrice, le cas se présente d'une manière extrêmement simple. La pile galvanique, avons-nous vu, est un dispositif dans lequel de l'énergie chimique est libérée et transformée en électricité. Elle se compose en règle générale d'un ou plusieurs liquides, de deux métaux jouant le rôle d'électrodes qui doivent être reliés entre eux hors du liquide par un conducteur. Cela suffit pour constituer l'appareil. Tout ce que nous pouvons encore plonger d'autre, sans le relier, dans le liquide excitateur, que ce soit du verre, du métal, de la résine ou quoi que ce soit encore, ne peut participer au processus chimico-électrique s'accomplissant dans la pile, à la formation du courant, tant qu'il ne modifie pas chimiquement le liquide; il peut tout au plus gêner le processus. Quelle que puisse être la capacité d'excitation électrique d'un troisième métal immergé par rapport au liquide ou à l'une des électrodes de la pile ou encore aux deux, elle ne peut avoir d'action tant que ce métal n'est pas relié au circuit à l'extérieur du liquide.
En conséquence, non seulement la déduction faite plus haut par Wiedemann de la loi dite de la force électromotrice est fausse, mais même le sens qu'il donne à cette loi est faux. On ne peut pas parler d'une activité électromotrice du métal non relié qui se neutraliserait, car on a privé d'avance cette activité de la seule condition à laquelle elle fourrait devenir efficace ; il n'est pas non plus possible de déduire a loi dite de la force électromotrice d'un fait qui est hors de son domaine.
Le vieux Poggendorff a publié en 1845 une série d'expériences dans lesquelles il mesurait la force électromotrice des piles les plus diverses, c'est-à-dire la quantité d'électricité fournie par chacune dans l'unité de temps. Parmi ces expériences, les 27 premières ont une valeur particulière; dans chacune de celles-ci trois métaux déterminés, plongés dans le même liquide excitateur, sont réunis successivement deux à deux pour former trois piles différentes et celles-ci sont étudiées et comparées au point de vue de la quantité d'électricité fournie. En bon partisan de l'électricité de contact, Poggendorff plaçait aussi chaque fois dans la pile le troisième métal non relié et il a eu ainsi la satisfaction de se persuader que dans les 81 piles ce « troisième dans l'alliance » [4] restait un pur figurant. Cependant la signification de ces expériences ne réside nullement en cela, mais bien plutôt dans la vérification et l'établissement du sens exact de la loi dite de la force électromotrice.
Tenons-nous en à la série des piles ci-dessus, où, dans de l'acide chlorhydrique dilué, du zinc, du cuivre et du platine sont reliés entre eux deux à deux dans chaque cas. En prenant pour base la quantité d'électricité fournie par la pile de Daniell = 100, Poggendorff trouva ici les résultats suivants :
Zinc-cuivre = 78,8
Cuivre-platine = 74,3
Total 153,1
Zinc-platine = 153,7
[1] Une colonne d'1 mm. de longueur de l'eau la plus pure produite par Kohlrausch offrirait la même résistance qu'un conducteur de cuivre de même diamètre et à peu près de la longueur de l'orbite de la lune. NAUMANN, Chimie générale, p. 179 (Note d'Engels.)
[2] Son expérience cruciale. (N.R.)
[3] Contradiction dans la définition. (N.R.)
[4] L'expression « der dritte im Bunde » est tirée de la ballade de Schiller: Die Bürgschaft, str. 20, où elle est prononcée par le tyran Denys qui demande à deux fidèles anus de l'accepter dans leur union. (O.G.I.Z., Obs.)
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La nature et l'energie , l'electricité source de chaleur est de bien etre
25/07/2012 16:00
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Comme la chaleur, mais d'une autre façon, l'électricité possède elle aussi un certain caractère d'ubiquité. Il ne peut guère se produire de changement sur la terre, sans qu'on puisse y prouver la présence de phénomènes électriques. Que de l'eau s'évapore, qu'une flamme brûle, que deux métaux différents ou de température différente, que du fer et une solution de sulfate de cuivre entrent en contact, etc., on voit apparaître, à côté des phénomènes physiques ou chimiques plus évidents et en même temps qu'eux, des processus électriques. Plus nous étudions avec précision les processus naturels les plus différents, plus nous rencontrons de traces d'électricité. Malgré cette ubiquité de J'électricité, malgré le fait que, depuis un demi-siècle, elle est de plus en plus contrainte à servir l'homme dans l'industrie, elle est précisément la forme de mouvement dont la nature reste entourée de la plus grande obscurité. La découverte du courant galvanique a environ vingt-cinq ans de moins que celle de l'oxygène et présente pour la théorie de l'électricité une importance au moins égale à la découverte de l'oxygène pour la chimie. Et pourtant quelle différence aujourd'hui encore entre les deux domaines ! En. chimie, grâce surtout à la découverte par Dalton des poids atomiques, on voit de l'ordre, une stabilité relative des résultats acquis, une attaque systématique, organisée, ou à peu près, des domaines encore inexplorés, comparable au siège en règle d'une forteresse. Dans la théorie de l'électricité, nous avons devant nous un fatras chaotique de vieilles expériences peu sûres, qui ne sont ni définitivement confirmées, ni définitivement réfutées, un tâtonnement hésitant dans l'obscurité, une série incohérente d'études et d'expériences faites par de nombreux savants isolés qui donnent l'assaut au domaine inconnu en ordre dispersé, à la manière d'une horde de cavaliers nomades. Et, en effet, une découverte comme celle de Dalton, qui donne un centre à toute la science et une base solide à la recherche, reste encore à faire dans le domaine de l'électricité. C'est essentiellement cet état d'incohérence de la théorie de l'électricité qui, en rendant pour le moment impossible l'établissement d'une théorie générale, a pour résultat de faire régner dans ce domaine un empirisme étroit, cet empirisme qui s'interdit le plus possible de penser et qui, en conséquence, non seulement pense faux, mais n'est pas non plus capable de suivre fidèlement les faits ou même d'en faire un rapport fidèle et, de la sorte, se convertit en le contraire de l'empirisme véritable.
Si, en général, il est bon de recommander à MM. les savants, qui ne savent dire assez de mal des absurdes spéculations a priori de la philosophie de la nature en Allemagne, de lire non seulement les oeuvres théoriques qui lui sont contemporaines, mais encore les oeuvres postérieures des physiciens de l'école empirique, cela est particulièrement vrai pour la théorie de l'électricité. Prenons une oeuvre de 1840 : Esquisse des sciences de la chaleur et de l'électricité par Thomas Thomson [2]. Le vieux Thomson était certes en son temps une autorité; en outre, il avait déjà à sa disposition une très importante partie des travaux du plus grand spécialiste de l'électricité jusqu'ici, Faraday. Et pourtant son livre contient des choses au moins aussi absurdes que la section correspondante de la philosophie de la nature de Hegel, bien plus ancienne en date. La description de l'étincelle électrique, par exemple, pourrait être la traduction directe du passage correspondant de Hegel. Tous deux énumèrent toutes les bizarreries que l'on voulait découvrir dans l'étincelle électrique avant de connaître sa nature véritable et sa riche diversité, bizarreries qui se sont maintenant révélées pour la plupart comme des cas particuliers ou des erreurs. Il y a mieux. A la page 446, Thomson raconte avec le plus grand sérieux les histoires de brigand de Dessaignes, selon lesquelles, lorsque le baromètre monte et le thermomètre descend, le verre, la résine, la soie, etc., trempés dans le mercure se chargent d'électricité négative, tandis que, lorsque le baromètre descend et que la température s'élève, ils ont des charges positives ; l'or et plusieurs autres métaux se chargeraient en été d'électricité positive par réchauffement, et négative par refroidissement, tandis que ce serait le contraire en hiver; lorsque le baromètre serait haut et le vent au Nord, ils seraient fortement électrisés positivement lorsque la température s'élève, négativement lorsqu'elle s'abaisse, etc. Voilà qui suffit pour la façon dont sont traités les faits. Mais sur le plan de la spéculation, a priori, voici la théorie de l'étincelle électrique dont nous régale Thomson et qui ne vient pas d'un savant moindre que Faraday lui-même :
L'étincelle est une décharge ou un abaissement de l'état d'induction polarisée de nombreuses particules diélectriques, du fait d'une action particulière d'un petit nombre d'entre elles, qui occupent un espace très petit et très limité. Faraday admet que les quelques particules où se localise la décharge ne sont pas seulement dispersées, mais qu'elles entrent temporairement dans un état particulier extrêmement actif (highly exalted) ; c'est-à-dire que toutes les forces qui les environnent sont projetées successivement sur elles et que, grâce à celles-ci, elles acquièrent un état d'intensité correspondant qui égale peut-être l'intensité d'atomes qui se combinent chimiquement; elles déchargent alors ces forces comme les atomes déchargent les leurs, d'une manière inconnue jusqu'ici et c'est la fin de tout le processus (and so the end of the whole). L'effet dernier se présente exactement comme si une particule métallique avait pris la place de la particule qui se décharge, et il ne semble pas impossible que les principes d'action dans les deux cas se révèlent un jour identiques [3].
J'ai, ajoute Thomson, donné l'explication de Faraday dans les termes mêmes où il la donne, parce que je ne les comprends pas tout à fait. Cela aura sans doute aussi été le cas d'autres gens, tout comme lorsqu'ils lisent chez Hegel que, dans l'étincelle électrique,
la constitution matérielle particulière du corps sous tension n'entre pas encore dans le processus, mais qu'elle y est déterminée seulement de manière élémentaire comme une manifestation de l'âme
et que l'électricité « est la colère propre, l'emportement propre du corps », son « moi irrité » qui « apparaît dans chaque corps lorsqu'il est excité » (Philosophie de la Nature, § 324, appendice) [4]. Et pourtant, chez Faraday et chez Hegel, l'idée fondamentale est la même. Tous deux répugnent à l'idée que l'électricité soit non pas un état de la matière, mais une matière particulière, distincte. Et comme apparemment l'électricité se présente dans l'étincelle comme indépendante, libre, isolée de tout substrat matériel étranger, et néanmoins saisissable par les sens, ils sont, dans l'état de la science d'alors, obligés de concevoir l'étincelle comme la forme fugitive, où se manifeste une « force » libérée momentanément de toute matière. Pour nous, l'énigme est certes résolue depuis que nous savons que, lors de la décharge de l'étincelle entre des électrodes de métal, des « particules métalliques » passent effectivement de l'autre côté, et donc que, en fait, « la constitution matérielle particulière du corps sous tension entre dans le processus [5] ». On sait que, comme la chaleur et la lumière, l'électricité et le magnétisme furent considérés au début comme des matières impondérables particulières. Comme on le sait, on en vint bientôt pour l'électricité à l'idée de deux matières opposées, de deux « fluides », un fluide positif et un fluide négatif, qui, à l'état normal, se neutralisent réciproquement jusqu'à ce qu'une prétendue «, force de séparation électrique » les sépare. On pourrait alors charger deux corps, l'un d'électricité positive, l'autre d'électricité négative ; en les reliant par un troisième corps conducteur, l'équilibre s'établirait, selon les circonstances, soit brusquement, soit au moyen d'un courant continu. Le phénomène de compensation brusque semblait très simple et très évident, mais le courant présentait des difficultés. A l'hypothèse la plus simple, selon laquelle passait chaque fois dans le courant soit de l'électricité purement positive, soit de l'électricité purement négative, Fechner et, d'une façon plus développée, Weber opposèrent l'idée que, dans le circuit ferme, passaient chaque fois deux courants égaux d'électricité positive et négative, coulant l'un à côté de l'autre en direction opposée, dans des canaux situés entre les molécules pondérables des corps [6]. Dans l'élaboration mathématique détaillée. de cette théorie, Weber en arrive en fin de compte à multiplier une fonction ici sans importance par une grandeur , laquelle signifie le rapport... de l'unité d'électricité au milligramme [7] (WIEDEMANN : Théorie du galvanisme, 2e éd., III, p. 569). Mais le rapport à une unité de poids ne peut-être lui-même qu'un rapport de poids. La passion du calcul mathématique avait donc déjà fait perdre à tel point à l'empirisme étroit l'habitude de penser qu'ici il rend déjà pondérable l'électricité impondérable et introduit son poids dans le calcul mathématique.
Les formules déduites par Weber n'étaient valables qu'à l'intérieur de certaines limites et, il y a quelques années encore, Helmholtz notamment, en partant de ces formules, a abouti par le calcul à des résultats qui sont en contradiction avec le principe de la conservation de l'énergie. A l'hypothèse du double courant de sens contraire de Weber, C. Neumann a opposé en 1871 cette autre que seule une des deux électricités, l'électricité positive par exemple, passe dans le courant, tandis que l'autre, la négative, reste fermement liée à, la masse du corps. A ce propos nous trouvons chez Wiedemann cette remarque :
On pourrait unir cette hypothèse avec celle de Weber si, au double courant des masses électriques ± e coulant en sens contraire que suppose Weber, on ajoutait encore un courant sans action externe d'électricité neutre [8] qui entraînerait avec lui les quantités d'électricité ± e dans le sens du courant positif, (III, p. 577.)
Cette affirmation est à nouveau caractéristique de l'empirisme étroit. Pour que, somme toute, l'électricité coule, on la décompose en électricité positive et négative. Mais toutes les tentatives pour expliquer le courant à partir de ces deux matières se heurtent à des difficultés. Et cela concerne au même titre tant l'hypothèse selon laquelle une seule de ces matières est chaque fois présente dans le courant, que celle où les deux coulent simultanément en sens opposé, que finalement la troisième aussi, qui veut qu'une matière coule et que l'autre soit en repos. Si nous nous arrêtons à cette dernière hypothèse, comment nous expliquerons-nous cette notion inexplicable, que l'électricité négative qui est tout de même assez mobile dans la machine électrique et dans la bouteille de Leyde, soit, dans le courant, solidement fixée à la masse du corps ? Très simplement. A côté du courant positif + e, qui parcourt le fil vers la droite, et du courant négatif - e, qui le parcourt vers la gauche, nous ferons encore passer un courant d'électricité neutre ± e vers la droite. Ainsi nous commençons par admettre ne les deux électricités ne peuvent somme toute couler que dans le cas où elles sont séparées l'une de l'autre, et, pour expliquer les phénomènes qui se produisent à l'occasion du courant des deux électricités séparées, nous admettons qu'elles peuvent aussi couler sans être séparées. Nous commençons par faire une hypothèse pour expliquer un phénomène déterminé, et, à la première difficulté rencontrée, nous en faisons une seconde qui annule directement la première. Comment faudrait-il que la philosophie soit faite pour que ces messieurs aient le moindre droit de s'en plaindre ?
Cependant, à côté de cette conception qui faisait de l'électricité une espèce particulière de matière, on en vit bientôt apparaître une seconde, selon laquelle elle était un simple état du corps, une « force », ou, comme nous dirions aujourd'hui, une forme particulière du mouvement. Nous avons vu plus haut que Hegel et plus tard Faraday partageaient cette manière de voir. Après que la découverte de l'équivalent mécanique de la chaleur eut définitivement éliminé l'idée d'une « substance calorique » particulière, et que l'on eut démontré que la chaleur est un mouvement moléculaire, la démarche suivante fut de traiter également l'électricité selon la méthode nouvelle et d'essayer de déterminer son équivalent mécanique. On y réussit pleinement. En particulier les expériences de joule, Favre et Raoult permirent d'établir non seulement l'équivalent mécanique et thermique de ce qu'on appelait la « force électromotrice » du courant galvanique, mais encore son équivalence parfaite avec l'énergie libérée par les processus chimiques dans la pile galvanique et l'énergie consommée par eux dans la cuve électrolytique. De ce fait, l'hypothèse que l'électricité était un fluide matériel particulier devenait de plus en plus insoutenable.
Toutefois, l'analogie entre la chaleur et l'électricité n'était cependant pas parfaite. Le courant galvanique continuait à se différencier sur des points très importants de la conductibilité calorifique. On ne pouvait toujours pas dire ce qui se mouvait dans les corps chargés d'électricité. L'hypothèse d'une simple vibration moléculaire, comme dans le cas de la chaleur, se révélait insuffisante ici. Étant donné l'énorme vitesse de l'électricité, qui dépassait encore celle de la lumière [9], il était difficile de se défaire de l'idée que c'était quelque chose de matériel qui se mouvait ici entre les molécules des corps. C'est alors qu'apparaissent les théories les plus modernes, celles de Clerk Maxwell (1864), Hankel (1865), Reynard (1870) et Edlund (1872), qui s'accordent avec l'hypothèse exprimée pour la première fois dès 1846 par Faraday à titre de suggestion : l'électricité serait un mouvement d'un milieu élastique emplissant tout l'espace et par suite pénétrant tous les corps, milieu dont les particules discrètes se repousseraient en raison inverse du carré de la distance ; en d'autres termes, l'électricité serait un mouvement des particules d'éther et les molécules des corps participeraient à ce mouvement. Sur le caractère de ce mouvement, les diverses théories sont en désaccord ; celles de Maxwell, Hankel et Reynard, s'appuyant sur les recherches récentes sur les mouvements en tourbillons, l'expliquent également, chacune à sa manière, par des tourbillons. Et nous voyons ainsi les tourbillons du vieux Descartes remis en honneur dans des domaines toujours nouveaux de la science. Nous nous abstenons d'entrer dans le détail de ces théories. Elles s'écartent beaucoup les unes des autres et connaîtront certainement beaucoup de bouleversements encore. Mais on remarque dans leur conception fondamentale commune un progrès décisif : l'électricité serait un mouvement, réagissant sur les molécules des corps, des particules de l'éther lumineux qui pénètre toute matière pondérable. Cette manière de voir réconcilie entre elles les deux précédentes. D'après elle, ce qui se meut lors des phénomènes électriques, est réellement quelque chose de matériel, différent de la matière pondérable. Mais cet élément matériel n'est pas l'électricité elle-même. Elle s'avère au contraire être en fait une forme du mouvement, bien qu'elle ne soit pas une forme du mouvement immédiat, direct de la matière pondérable. L'hypothèse de l'éther, d'une part montre la voie qui permet de dépasser l'hypothèse primitive grossière des deux fluides électriques opposés, d'autre part, elle donne l'espoir d'expliquer ce qu'est le substrat matériel proprement dit du mouvement électrique, ce qu'est la chose dont le mouvement provoque les phénomènes électriques [10].
La théorie de, l'éther a déjà eu un succès incontestable. On sait qu'il y a au moins un point où l'électricité modifie directement le mouvement de la lumière: elle fait tourner son plan de polarisation. Clerk Maxwell, appuyé sur sa théorie mentionnée plus haut, a calculé que la constante diélectrique spécifique d'un corps est égale au carré de son indice de réfraction. Or Boltzmann a étudié différents corps non conducteurs du point de vue de leur constante diélectrique et il a trouvé que pour le soufre, la colophane et la paraffine, la racine carrée de ce coefficient était égale à leur indice de réfraction. L'écart le plus élevé - pour le soufre - n'était que de 4 %. De cette façon, la théorie de l'éther, de Maxwell spécialement, était confirmée expérimentalement.
Toutefois, il faudra encore beaucoup de temps et beaucoup de travail avant que, à l'aide de nouvelles séries d'expériences, on ait réussi à dégager de ces hypothèses contradictoires un noyau solide. Jusque-là, ou même peut-être jusqu'à ce que la théorie de l'éther ait été évincée par une théorie toute nouvelle, la théorie de l'électricité se trouve dans cette situation désagréable d'être obligée d'utiliser une terminologie dont elle reconnaît elle-même qu'elle est fausse. Celle-ci repose encore tout entière sur la notion des deux fluides électriques. Elle parle encore sans la moindre gêne de « masse électrique coulant dans les corps », d'une séparation des électricités dans chaque molécule », etc. C'est là un mail qui, comme on l'a dit, est pour l'essentiel la conséquence nécessaire de l'état actuel de transition de la science ; mais aussi, étant donné l'empirisme étroit qui règne précisément dans cette branche de la recherche, il contribue beaucoup à maintenir la confusion de pensée qui y a régné jusqu'ici.
Quant à la contradiction entre l'électricité dite statique, ou électricité de frottement, et l'électricité dynamique, ou galvanisme, on peut la considérer comme résolue depuis que l'on a appris à produire des courants continus à l'aide de la machine électrique, et qu'à l'inverse on a appris, à l'aide du courant galvanique, à produire de l'électricité dite statique, à charger des bouteilles de Leyde, etc. Nous laissons ici la sous-variété de l'électricité statique, ainsi que le magnétisme, reconnu maintenant lui aussi comme une variété d'électricité. C'est en tout cas dans la théorie du courant galvanique qu'il faudra chercher l'explication théorique des phénomènes qui s'y rattachent, et c'est pourquoi nous nous en tiendrons de préférence à celle-là.
On peut produire un courant continu par divers moyens. Le mouvement mécanique des masses ne produit directement, par frottement, d'abord que de l'électricité statique ; il ne produit un courant continu qu'au prix d'un grand gaspillage d'énergie; pour être converti au moins en majeure partie en mouvement électrique, il lui faut l'intervention du magnétisme, comme dans les machines électromagnétiques connues de Gramme, Siemens et autres. La chaleur peut se convertir directement en courant électrique, comme en particulier au point de contact de deux métaux différents. L'énergie libérée par l'action chimique, qui, dans les circonstances ordinaires, apparaît sous forme de chaleur, se convertit dans des conditions déterminées en mouvement électrique. Inversement, celui-ci se convertit en toute autre forme de mouvement dès que les conditions appropriées sont données : en mouvement de masses (dans une faible mesure, directement dans les attractions et les répulsions électrostatiques, sur une grande échelle dans les moteurs électromagnétiques, derechef grâce à l'intervention du magnétisme) ; en chaleur - partout dans le circuit fermé, à condition que n'interviennent pas d'autres transformations; en énergie chimique - dans les cuves électrolytiques et les voltamètres intercalés dans le circuit fermé, où le courant dissocie des combinaisons sur lesquelles on ne peut rien par d'autres moyens.
Dans toutes ces conversions, c'est la loi de l'équivalence quantitative du mouvement dans toutes ses transformations qui joue, ou, comme le dit Wiedemann,
selon la loi de la conservation de la force, la travail mécanique utilisé de n'importe quelle façon pour produire le courant doit être équivalent au travail nécessaire pour produire tous les effets du courant [tome II, ch. Il, p. 472].
Lors de la conversion du mouvement de masses ou de chaleur en électricité [11], il ne se présente pas ici de difficultés; il est prouvé que ce qu'on appelle la « force 'électromotrice » [12] est, dans le premier cas, égale au travail dépensé pour produire ce mouvement, dans le second cas,
à chaque point de contact de la pile thermoélectrique, directement proportionnelle à sa température absolue. (WIEDEMANN, Ill, P. 482.)
c'est-à-dire encore une fois à la quantité de chaleur existant à chaque point de contact, mesurée en unités absolues. On a prouvé que la même loi joue effectivement aussi pour l'électricité produite a l'aide de l'énergie chimique. Mais ici la chose n'est pas aussi simple, du moins du point de vue de la théorie ayant cours de notre temps. C'est pourquoi nous allons nous y arrêter un peu.
L'une des plus belles séries d'expériences sur les changements de forme du mouvement qu'il est possible d'obtenir à l'aide d'une pile galvanique est celle de Favre (1857-1858) [13]. Il place dans un calorimètre une pile de Smee de cinq éléments; dans un second, il met un petit moteur électromagnétique, dont l'axe et la poulie sortent librement à toute fin d'utilisation mécanique. Chaque fois que dans la pile il se dégage 1 gr. d'hydrogène ou que se dissolvent 32,6 gr. de zinc (l'ancien équivalent chimique du zinc exprimé en grammes, égal à la moitié du poids atomique admis aujourd'hui de 65,2), on enregistre les résultats suivants :
A. - La pile dans le calorimètre étant en circuit fermé, à l'exclusion du moteur : production de chaleur de 18.682 ou 18.674 unités.
B. - La pile et la machine étant en circuit, mais celle-ci étant bloquée : chaleur dans la pile : 16.448, dans la machine 2.219, soit en tout 18.667 unités.
C. - Comme en B, mais la machine se meut, sans toutefois soulever de poids : chaleur dans la pile : 13.888, dans la machine 4.769, en tout 18.657 unités.
D. - Comme en C, mais la machine soulève un poids et produit de ce fait un travail mécanique égal à 131,24 kgm. : chaleur dans la pile, 15.427, dans la machine, 2.947, en tout 18.374 unités : perte par rapport aux 18.682 unités ci-dessus = 308 unités calorifiques. Mais le travail mécanique accompli de 131,24 kgm., multiplié par 1.000 (pour convertir en kilogrammes les grammes du résultat chimique) et divisés par l'équivalent mécanique de la chaleur, soit 423,5 kgm. [14] donne 309 unités calorifiques, donc exactement la perte ci-dessus, comme équivalent calorifique du travail mécanique accompli.
L'équivalence du mouvement dans toutes ses transformations est donc prouvée d'une manière péremptoire également pour le mouvement électrique, - dans la limite des sources d'erreurs inévitables. Et, de même, il est démontré que la « force électromotrice » de la pile galvanique n'est pas autre chose que de l'énergie chimique convertie en électricité, et que la pile elle-même n'est pas autre chose qu'un dispositif, un appareil qui transforme l'énergie chimique libérée en électricité, tout comme la machine à vapeur convertit en mouvement mécanique la chaleur qui lui est fournie, sans que, dans l'un et l'autre cas, le dispositif de transformation apporte par lui-même une énergie nouvelle.
Mais ici, eu égard aux conceptions traditionnelles, il surgit une difficulté. Celles-ci attribuent à la pile, en vertu des rapports de contact qui ont lieu en elle entre les liquides et les métaux, une « force de séparation électrique » proportionnelle à la force électromotrice, donc représentant pour une pile donnée une quantité déterminée d'énergie. Or quel est le rapport de cette source d'énergie inhérente selon la conception traditionnelle à la pile en tant que telle, même sans effet chimique, quel est le rapport de cette force de séparation électrique à l'énergie libérée par l'action chimique ? Et, si elle est une source d'énergie indépendante de l'action chimique, d'où vient l'énergie qu'elle fournit ?
Cette question, sous une forme plus ou moins obscure, constitue le point en litige entre la théorie du contact, fondée par Volta et la théorie chimique du courant galvanique apparue aussitôt après.
La théorie du contact expliquait le courant par les tensions électriques prenant naissance dans la pile du fait du contact des métaux avec un ou plusieurs liquides, - ou même seulement du contact des liquides entre eux, - et du fait de leur, égalisation, - ou de celle des électricités ainsi séparées et opposées, - dans le circuit fermé. Les transformations chimiques qui pouvaient se produire à cette occasion, la pure théorie du contact les tenait pour absolument secondaires. Par contre, dès 1805, Ritter affirme qu'un courant ne pouvait prendre naissance que si les excitateurs avaient déjà une action chimique l'un sur l'autre avant la fermeture du circuit. Dans l'ensemble, Wiedemann (I, p. 784) résume cette théorie chimique ancienne de la façon suivante : D'après elle l'électricité dite de contact
ne peut apparaître que si, simultanément, se manifeste une action réciproque chimique réelle des corps en contact ou tout au moins une perturbation de l'équilibre chimique, même si elle n'est pas directement liée à des processus chimiques, une « tendance à l'action chimique » entre ces corps.
[1] Pour les faits, nous nous appuyons essentiellement dans ce chapitre sur WIEDEMANN : Théorie du galvanisme et de l'électromagnétisme, 2 vol. en trois parties 2e éd., Braunschweig, 1874.
Dans la Nature, 1882, 15 juin, on attire l'attention sur « cet admirable traité qui, dans son édition prochaine, avec son complément sur l'électromagnétisme, sera le plus grand traité expérimental existant »*. (Note d'Engels.)
* Engels a barré le premier paragraphe de cette note, mais s'est ravisé par la suite, et il a ajouté le second paragraphe. La référence à la revue anglaise Nature du 15 juin 1882 montre qu'il a écrit ce chapitre en 1882. La troisième édition du traité de Wiedemann : Lehre vom Galvanismus und Elektromagnetismus, a paru entre 1882 et 1885, donc après qu'Engels ait rédigé ce chapitre. Il est tiré de la 3e Liasse. Dans le sommaire de la 3e liasse composé par Engels, ce chapitre porte le titre « Électricité et magnétisme ». (O.G.I.Z., Obs.)
[2] Thomas THOMSON: An Outline of the Sciences et Heat and Electricity. Il s'agit de la seconde édition de cet ouvrage, la première datant de 1830. (O.G.I.Z., Obs.)
[3] On trouve cette citation de Faraday à la page 400 de la seconde édition du livre de Thomson. Elle est tirée du travail de Faraday : Experimental Researches in Electricity, 12th series, publié dans la revue londonienne: Philosophical Transactions, 1838, p. 105. La citation donnée chez Thomson n'est pas exacte. Dans la dernière phrase, Thomson a remplacé a as if a metallic wire had been put into the place of the discharging particles » (comme si un conducteur métallique avait pris la place des particules qui se déchargent) par « as if a metallic particle had been put into the place of the discharging particle ». (O.G.I.Z., Obs.)
[4] HEGEL : Naturphilosophie, in Werke, Bd VII, Berlin, 1842, P. 349. (N.R.)
[5] L'étincelle consiste essentiellement dans Je passage de l'électricité à travers un gaz, plus généralement à travers un corps isolant. Elle ne saurait donc manifester l'électricité «libérée de toute matière». Le développement ultérieur de la physique, - en premier lieu la découverte de l'électron, puis celle des autres corpuscules atomiques électrisés, - a confirmé la théorie d'Engels selon laquelle l'électricité est inséparable de la matière, dont elle n'est qu'une des formes de mouvement. (N.R.)
[6] L'on sait aujourd'hui que le courant électrique dans les métaux est un mouvement d'électrons (négatifs) libres, faiblement liés aux atomes et circulant dans les intervalles entre ces derniers, lesquels sont relativement fixes et électrisés positivement. Dans les solutions acides, basiques et salines et dans les gaz, le courant est un mouvement d' « ions », c'est-à-dire d'agrégats chimiques électrisés les uns positivement, les autres négativement. Ils résultent de la rupture des molécules avec perte ou capture d'électrons liés et circulent à travers le liquide ou le gaz, lesquels restent, dans leur ensemble, électriquement neutres. (N.R.)
[7] Souligné par Engels. (N.R.)
[8] Souligné par Engels. (N.R.)
[9] C'est seulement après les expériences de Hertz (1888) que fut établie définitivement l'égalité entre la vitesse de la lumière et la vitesse de propagation des ondes électromagnétiques. (N.R.)
[10] Le développement de la physique atomique, depuis 1900, a permis de préciser cet important problème de la physique théorique. L'électricité a pour substrat matériel à la fois les corpuscules électrisés tels que les électrons, le proton, etc., résultant de la décomposition des atomes, et le champ (l'éther) qui environne ces corpuscules. Chacun de ceux-ci est solidaire du champ et échange sans cesse du mouvement avec lui. (N.R.)
[11] J'utilise le mot a électricité » au sens du mouvement électrique avec le même droit qui fait qu'on utilise aussi la désignation générale de a chaleur » pour désigner cette forme de mouvement qui se révèle à nos sens comme chaleur. Cela peut d'autant moins soulever d'objections qu'ici est exclue à l'avance toute possibilité de confusion éventuelle avec l'état de tension de l'électricité. (Note d'Engels.)
[12] En 1880, la notion de « force électromotrice » était encore assez confuse. De nos jours, la force électromotrice est la quantité d'énergie transformable en énergie mécanique ou chimique et correspondant à la circulation d'une unité de « quantité d'électricité ». L'évaluation qu'en donne ici Engels est correcte, à condition de préciser : par unité de quantité d'électricité ayant traversé le circuit. (N.R.)
[13] Engels expose les expériences de Favre d'après le livre de Wiedemann (tome II, Ch. II, pp. 521-522). (O.G.I.Z., Obs.)
[14] Actuellement, sur la base d'études plus précises, l'équivalent mécanique de la chaleur admis est = 426,9 kgm. (O.G.I.Z., Obs.)
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