kane :
La nature sépare sagement les peuples, ainsi que la volonté de chaque Etat, fût-ce même d’après des principes du droit des peuples, aimerait unir entre eux par la ruse ou la force, de même elle unit d'un autre côté, au moyen de l'intérêt personnel réciproque, des peuples que le concept du droit cosmopolitique n'aurait pas prémunis contre la violence et la guerre. C'est l'esprit de commerce, qui est incompatible avec la guerre, et qui s'empare tôt ou tard de chaque peuple. Car comme parmi tous les pouvoirs (moyens) subordonnés au pouvoir de l'État, le pouvoir de l'argent semble devoir être le plus sûr, les États (dont la moralité n'est certes pas précisément le mobile) se voient poussés à promouvoir la noble paix, et partout où la guerre menace d'éclater dans le monde, de la repousser par des médiations, comme s'ils étaient en état d'alliance permanente à cette fin. Car, du fait de la nature même de la chose, les grandes coalitions en vue de la guerre ne peuvent se produire que rarement et plus rarement encore réussir. La nature garantit de cette manière la paix perpétuelle par le mécanisme des inclinations naturelles elles-mêmes, avec une sûreté, certes, insuffisante pour prédire son avenir au point de vue théorique, mais qui suffit dans une intention pratique et fait un devoir de travailler à cette fin qui n'est pas purement chimérique ».
Vers la paix .